Section 90+30
Suite à la ronde 4, Sébastien Azar maintient toujours sa fiche vierge. Il partage le 1er rang avec le jeune Raphaël Chénier qui a aussi 4/4 pts. Pour ce qui est du Ladder, John-David Policarpio a pour sa part bondi de 8 échelons au classement grâce à sa victoire contre Yannick Vézina. Il occupe maintenant le 16ème rang. Trois autres joueurs ont aussi gagné des places après des victoires contre des adversaires plus hauts dans le Ladder, soit Maxime Berthiaume, Achille Collin et notre nouvelle recrue, Simon Viel.
Voici le nouveau Ladder après la ronde 4:
Section 60+30
Le jeune Daniel Fedorov, qui trône en tête de cette section avec un score cumulatif de 3,5 pts, a gagné 6 places au classement du Ladder, suite à sa victoire contre Christian Bolduc. Laurent Bergeron-Collin, qui jouait dans le 60+30 cette semaine, a aussi progressé grâce à son gain contre Kathleen Leblanc.
Voici le nouveau classement:
Pour ma chronique de cette semaine, j’avais l’intention de vous présenter les plus belles tactiques de mardi passé ainsi que celles que nous avons aussi manquées. Changement de plan, je vais plutôt me concentrer sur une partie qui a attiré mon attention; celle entre John David Policarpio et Yannick Vezina 🙂
Après 1.c4 c6, John a joué la dangereuse et dynamique attaque Panov accélérée avec 2.e4!? Selon la théorie et les plus puissants logiciels, la meilleure suite pour les noirs dans cette variante est de jouer 2…d5! Voici un exemple de cette ligne dans une partie de blitz entre Magnus Carlsen et Alexander Morozevich : 1.e4 c6 2.c4 d5 3.exd5 cxd5 4.cxd5 Cf6 5.Cc3 Cxd5 6.Cxf3 Cxc3 7.bxc3 et les noirs ont gagné en 29 coups. J’aime bien aussi la variante suivante : 1.e4 c6 2.c4 e5!? car les noirs tentent de profiter du trou en d4 après les coups 1.c4 et 2.e4 des blancs.
Mais dans la partie, Yannick a plutôt joué 2…g6?! qui était un peu imprécis. John aurait pu répliquer par 3.d4! et il aurait eu un fantastique centre. Il a plutôt joué 3.g3?! qui était un peu douteux dans la position. Il y a bien sûr des exceptions mais normalement, quand on joue g3 pour mettre notre fou en fianchetto en g2, ce n’est pas bien avisé d’avoir un pion en e4 qui bloquera notre merveilleux fou d’attaque. Après 3.g3?! Yannick aurait dû jouer 3…d5! encore une fois. Après 5 coups, voici la position de la partie :
Après seulement 5 coups, les blancs ont un gros avantage! 5…Ca6?! est imprécis et si je peux vous donner une règle maison qui est loin d’être absolue: éviter de jouer vos cavaliers sur les bandes ou autrement dit, sur les colonnes « a » ou « h ». Ces deux colonnes sont les pires pour les cavaliers, car ce sont les endroits où ils contrôlent le moins de cases. Bien sûr, il y a toujours des exceptions comme dans la fameuse ouverture Ruy Lopez où il est normal pour les noirs de jouer Ca5 dans plusieurs variantes. Dans la partie, des coups comme 5…d5, c5 ou Ce7 auraient été préférables.
Un des moments-clés de cette partie a eu lieu très tôt dans la partie, soit après seulement 11 coups. Dans la position ci-dessus, les blancs ont un avantage gagnant même si le matériel est égal et même si le pion b2 est attaqué. Comment est-ce possible? Et bien, les blancs ont un avantage d’espace, des pièces mieux placée mais surtout, un roi qui sera en bonne sécurité après le petit roque contrairement à son homologue noir. En effet, les noirs ne peuvent pas roquer pour l’instant et le reste du développement des pièces noires sera pénible. Par exemple au 12e coup, John pourrait jouer le simple 12.Tad1 et le fou en c8 ne pourra se développer sans donner le pion d7. Il a plutôt tenté un coup spectaculaire! Regardez le prochain diagramme :
John a joué le coup perdant 12.Fxc5? Pardon? Pourquoi John aurait sacrifié un fou (3 points) pour un pion (1 point)? Parce qu’il a calculé plus loin 😉 Mais est-ce que son calcul était bon? Les blancs, ici, avaient calculé la variante suivante: 12.Fxc5 Dxc5 13.Dxc5 Cxc5 14.Cc7+ Rd8 15.Cxa8; une suite de 4 coups! D’ailleurs, c’est ce qui s’est passé dans la partie et je vous invite à regarder la position résultante ci-dessous.
Quand John a calculé sa combinaison dans sa tête, je me demande s’il a évalué le matériel à la fin de la combinaison. D’ailleurs, vous pouvez faire le calcul vous-mêmes : une fois que les noirs récupéreront le cavalier en a8 qui est trappé, quel sera le matériel? Et bien, le matériel est égal! Pourtant, ce sont les noirs qui ont maintenant un avantage gagnant. Pourquoi? Parce que leurs pièces sont plus actives et qu’il y aura beaucoup de pions faibles à attaquer. De plus, les noirs ont la paire de fous, une arme très puissante aux échecs. Dans la partie, Yannick a joué l’excellent 15…Cd3+ (déroque le roi adverse) suivi de 16…Cxb2 (16…Cxf2! était encore plus fort) qui gagne un pion. Les pièces blanches ne sont pas positionnées pour contrer l’activité des noirs.
Malheureusement pour Yannick, il n’a pas su bien utiliser sa paire de fous et il a joué trop passivement. Par exemple dans la position ci-dessus, les noirs étaient en parfait contrôle et ils devaient jouer 25…Fxe5! et leur paire de fous est absolument monstrueuse. Les pions passés d7 et e6 vont éventuellement être aussi un superbe atout pour les noirs. Yannick a plutôt protégé son pion a7 en jouant 25…Tb7, ce qui était un peu trop passif. Une douzaine de coups plus tard dans une position légèrement supérieure aux noirs, Yannick a fait une erreur tactique qui lui a coûté la partie :
Les noirs ont tenté ce clouage qui était en fait perdant. Vous voyez ce que les blancs ont répondu? Et oui, 40.Txa7! était le coup victorieux qui gagne une pièce dans toutes les variantes. Si les noirs avaient essayé 40…Fxb4, John aurait répondu par 41.Txb7+, suivi de 42.Txb4. Partie très excitante entre les 2 joueurs!
À la semaine prochaine, mes ami(e)s!
Échequement vôtre, Michel Desjardins 🙂