Toujours à la recherche de rares trésors échiquéens de chez nous, engloutis et bien cachés quelque part dans le fond de notre mémoire collective historique, il arrive parfois que certains d’entre eux se libèrent, remontent à la surface, flottent momentanément, puis éventuellement redisparaissent, peut-être même pour toujours, comme s’ils n’avaient jamais existé.
Donc, lorsque ces dandinant lambeaux apparaissent, font la vague et scintillent à la lueur de nos yeux, il faut savoir les reconnaître et les extirper de leur prison temporelle avant qu’il ne soit trop tard. On leur redonne ainsi vie et ils reprennent la place qui leur appartient dans notre patrimoine des 64 cases. Ainsi, un important morceau manquant de notre puzzle vieux de plus de 40 ans s’ajoute à notre histoire.
Depuis quelques mois, dans le but d’effectuer une importante mise à jour de nos archives, j’essaie de retracer les noms et années correspondantes de nos champions de la première décennie LÉO. J’ai besoin de trouver des faits irréfutables, de la vraie prude exactitude ! Je suis très avancé dans ce projet et je crois qu’il sera terminé au printemps.
Mes recherches consistent à lire de nombreuses revues échiquéennes québécoises et canadiennes des années 80 et aussi de retracer des articles dans différents journaux et quotidiens de la région pouvant m’aider à trouver les éléments de preuve manquants. Un autre moyen que j’utilise est de communiquer avec des joueurs d’échecs de cette époque, qu’ils soient joueurs de tournois, simples amateurs ou témoins privilégiés d’un événement quelconque me permettant de progresser vers cette vérité manquante tant recherchée.
La chance m’a souri la semaine dernière en discutant avec Jacques Côté, triple champion LÉO. Je voulais tout d’abord l’inviter au Club d’Échecs de Gatineau, ouvert tous les vendredis soir, pour lui remettre 3 photos de son époque glorieuse, prises dans différents tournois où il apparaît à son meilleur devant un échiquier. J’anticipais aussi de creuser dans sa mémoire en l’interrogeant sur son parcours qui l’a mené aux titres. Peut-être que par la révélation de son vécu, je pouvais obtenir de l’information ou des
données qui pourraient s’entrecroiser et m’indiquer une direction à suivre dans ce compact milieu échiquéen pour ainsi m’aider à compléter mon travail de recherche et finalement dénouer une fois pour toutes le mystère de l’identité des recherchés champions LÉO oubliés des années 80.
Eh bien non, bien qu’il était un bon ami du Champion LÉO Denys Laurin qu’il a côtoyé lors de son arrivée en Outaouais, Jacques ne pouvait pas m’aider dans ce sens puisqu’il est arrivé tardivement par chez nous, soit juste après les années visées de ma recherche.
Cependant, parle-parle jase-jase, Jacques qui est correcteur d’épreuve de métier m’apprend qu’il termine son dernier contrat, puis c’est la retraite. Il révise le roman du Hullois Henri Lessard intitulé Ligne de grains, Éditions l’Interligne, 2022 (200 pages) qui sera en librairie le 8 juin.
Ce qu’il y a de particulier avec cet auteur, c’est qu’il est aussi un illustrateur. Son roman ne parle somme toute qu’une fois brièvement des échecs, mais le lien avec la LÉO se situe plutôt 42 ans auparavant. Monsieur Lessard était étudiant en 1979 au CEGEP de l’Outaouais et impliqué au journal étudiant L’Entremetteur tout comme Roger Roy et Marc Lamoureux. Ces derniers contribuaient au développement des échecs dans leur milieu scolaire et aussi en Outaouais en faisant partie du premier CA de la LÉO, Roger comme
Président et Marc comme Directeur. La LÉO est devenue officiellement un OSBL en novembre 1979 et a organisé son premier tournoi homologué FQE en janvier 1980 dans des classes du deuxième étage du CEGEP de l’Outaouais. J’y étais comme participant à ce Tournoi Ouvert de Hull 1980 et c’est là que j’ai rencontré pour la première fois Roger et Marc.
Un mois auparavant, un article signé par nos importants bâtisseurs LÉO feu Roger Roy et Marc Lamoureux, agrémenté d’une superbe illustration d’Henri Lessard, apparaissait dans leur journal étudiant et j’ai réussi à mettre le grappin sur ce trésor sorti de nulle part. Chronologiquement, il devient un élément précurseur de nos archives. Essentiellement, c’est un article signé par nos 2 représentants LÉO, alors étudiants au CEGEP, qui dévoile leur enthousiasme et leur dévouement qui imprègneront avec succès les premiers jours de notre naissante Ligue.
Il s’agit d’un important document, oublié et presque perdu, qui nous révèle le travail acharné de nos pionniers par leurs premières actions concrètes de défricher le vaste territoire d’une région prête à l’implantation de clubs d’échecs. Grâce à eux, cela a permis depuis fort longtemps aux joueurs d’échecs de l’Outaouais de satisfaire leur passion de vivre l’exaltation des sérieuses compétitions, de se regrouper sous une bannière, soit la LÉO, d’être accueillis régulièrement dans des endroits propices aux activités échiquéennes, de se faire des amis et d’améliorer son calibre de jeu.À Roger, Marc et Henri, un gros merci 42 ans plus tard !
Marcel Laurin,
Ex-Président LÉO